Quel est le secteur le plus rentable dans le digital
Le marché du divertissement numérique en pleine révolution, gammer ou video
Jeux vidéo, gamers ou entertainment. L’économie numérique connaît une transformation sans précédent. Entre les plateformes de streaming, l’industrie du jeu vidéo et l’émergence des créateurs de contenu, trois géants se disputent la suprématie financière du secteur digital. En 2024, le secteur des jeux vidéo a généré 187 milliards de dollars de revenus, dépassant largement les industries du cinéma et de la musique réunies. Mais qu’en est-il réellement de la rentabilité comparative entre ces différents secteurs ? Analyse détaillée d’un marché en pleine effervescence.
L’industrie du jeu vidéo : un géant aux pieds d’argile ?
Des chiffres qui donnent le vertige
Le marché mondial du gaming atteint 236,9 milliards de dollars en 2025 avec une croissance de 4,6% par rapport à 2024. Cette industrie représente aujourd’hui plus du double des revenus cumulés du cinéma et de la musique. Plus de 3,3 milliards de personnes dans le monde ont joué à des jeux vidéo en 2024, soit près d’un tiers de la population mondiale.
Le mobile gaming domine ce secteur avec une part de marché impressionnante. Le mobile gaming représente 55% du marché, suivi des consoles à 29% et du PC gaming à 21%. Cette domination s’explique par l’accessibilité des smartphones et les modèles freemium qui génèrent des revenus massifs via les microtransactions.

Les défis d’une croissance ralentie
Malgré ces chiffres colossaux, l’industrie traverse une période de turbulences. La croissance s’est ralentie, passant de 13% par an entre 2017 et 2021 à seulement 1% entre 2021 et 2023. Les studios captent environ 70% de la valeur ajoutée, tandis que les éditeurs se contentent d’environ 26%. Les coûts de développement explosent tandis que les marges se compriment.
Le streaming entertainment : la bataille de la rentabilité
Netflix et ses concurrents : enfin rentables ?
Netflix a généré 10,54 milliards de dollars de chiffre d’affaires au premier trimestre 2025. Avec plus de 300 millions d’abonnés mondiaux, la plateforme domine le secteur. Disney+ et Paramount+ ont atteint la rentabilité pour la première fois en 2024, marquant un tournant après des années d’investissements massifs.
Les géants du streaming investissent des dizaines de milliards dans la production de contenu. Cette course pousse les plateformes à augmenter leurs tarifs, créant un phénomène de “churn” où les utilisateurs jonglent entre différents services. Le modèle économique repose sur les abonnements et, de plus en plus, sur la publicité.
Les gamers et streamers : des entrepreneurs du XXIe siècle
Une économie de la créativité
Le secteur des créateurs de contenu gaming représente un modèle économique radicalement différent. Le top 5 des streamers français les mieux payés cumule des revenus annuels estimés à plus de 10 millions d’euros sur Twitch. Des personnalités comme Gotaga génèrent entre 2 et 3 millions d’euros annuels, tandis que ZeratoR et Squeezie empochent respectivement 1 à 1,5 million d’euros par an.
Cependant, cette réalité ne concerne qu’une minorité de créateurs. Un streamer avec une audience régulière de 100 personnes gagne entre 100 et 300 euros par mois, tandis qu’avec 1 000 spectateurs réguliers, les revenus oscillent entre 1 000 et 3 000 euros mensuels.
Un modèle de revenus diversifié
Les streamers professionnels ont compris l’importance de la diversification. Leurs revenus proviennent de multiples sources : abonnements Twitch, dons, sponsorings, merchandising, YouTube, et partenariats avec des marques. Les streamers qui diversifient leurs revenus gagnent en moyenne 40% de plus que ceux qui se concentrent uniquement sur Twitch.
Cette approche entrepreneuriale transforme les gamers en véritables chefs d’entreprise, gérant leur image de marque, négociant des contrats et développant des produits dérivés.
Verdict : quel secteur est le plus rentable ?
L’industrie du jeu vidéo en tête
En termes de revenus bruts, l’industrie du jeu vidéo écrase la concurrence avec ses 237 milliards de dollars en 2025, soit près de six fois plus que le streaming entertainment. C’est indéniablement le secteur le plus volumineux en valeur absolue.
Cependant, les coûts de développement des jeux AAA dépassent fréquemment les 100 millions de dollars, avec des budgets marketing pouvant représenter jusqu’à 80% du budget total. Cette structure de coûts réduit considérablement les marges bénéficiaires.
Le streaming : la consolidation en cours
Le marché du streaming représente un potentiel énorme mais reste fragile. Netflix génère des milliards mais doit constamment investir dans du contenu original. Le secteur devrait atteindre 330 milliards de dollars d’ici 2030, la consolidation actuelle permettant aux survivants d’améliorer leur rentabilité.
Les gamers : un modèle ultra-rentable pour l’élite
Les top streamers représentent peut-être le modèle le plus intéressant. Avec des investissements de départ relativement faibles, certains créateurs génèrent des millions d’euros annuels. Mais cette réalité ne concerne qu’une infime minorité. La pyramide est extrêmement verticale.
Une complémentarité sectorielle plutôt qu’une compétition
Plutôt que de désigner un vainqueur absolu, force est de constater que ces trois secteurs sont profondément interconnectés. Les streamers font la promotion des jeux vidéo, les plateformes de streaming produisent des contenus sur l’univers gaming, et l’industrie du jeu vidéo finance les créateurs via des sponsorings.
Le secteur du jeu vidéo reste le plus rentable en volume, mais c’est sa synergie avec l’écosystème des créateurs de contenu qui maximise véritablement sa valeur. L’avenir appartiendra sans doute aux acteurs capables de combiner ces différentes facettes du divertissement numérique, créant ainsi des écosystèmes intégrés où contenu, communauté et monétisation s’alimentent mutuellement.
Dans cette nouvelle économie du digital, la rentabilité ne se mesure plus seulement en chiffres absolus, mais dans la capacité à créer de l’engagement, à fidéliser des communautés et à innover constamment pour rester pertinent dans un paysage en perpétuelle mutation.








