Alliance prévisible pour racheter SFR
La partie de Monopoly géante des télécoms Français
Orange, Bouygues Telecom et Free s’allient pour racheter SFR. Dans un communiqué commun inédit
Alliance inentendu pour racheter SFR. Le 14 octobre 2025 restera une date historique pour le secteur des télécommunications en France. Orange, Bouygues Telecom et Free s’allient pour racheter SFR. Dans un communiqué commun inédit, Orange, Bouygues Telecom et Free ont officialisé le dépôt d’une offre conjointe non engageante pour l’acquisition d’une grande partie des activités d’Altice France, la maison mère de l’opérateur SFR. Cette alliance sans précédent entre trois concurrents de longue date marque un tournant décisif dans la recomposition du paysage télécom français. Quel avenir pour les utilisateurs en France, comment vont évoluer les tarifications des services de téléphonie et Internet.
L’offre présentée valorise les actifs ciblés à 17 milliards d’euros, portant la valeur d’entreprise implicite d’Altice France à plus de 21 milliards d’euros. Cette proposition constitue la première étape concrète d’un long processus qui pourrait redessiner entièrement le marché français des télécommunications et mettre fin à l’ère du quadrupole qui prévalait depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012.
La répartition des actifs : un découpage stratégique minutieusement orchestré
La ventilation des actifs entre les trois opérateurs a été conçue pour éviter les écueils réglementaires et garantir un équilibre concurrentiel acceptable pour les autorités. Bouygues Telecom s’adjugerait la part la plus importante avec 43% du périmètre d’acquisition, suivi par Free avec 30% et Orange avec 27%.
Cette répartition n’est pas le fruit du hasard. Bouygues Telecom, qui partage déjà son réseau mobile avec SFR depuis une décennie via la coentreprise Crozon, récupérerait notamment la majeure partie de l’activité B2B destinée aux entreprises, un segment particulièrement rentable générant environ 400 millions d’euros de marge annuelle. L’opérateur hériterait également du réseau mobile de SFR dans les zones non denses, un actif stratégique pour renforcer sa couverture territoriale. Bouygues Télécom espère renforcer son réseau et sa présence sur le territoire national.
Les activités grand public B2C seraient partagées entre les trois acteurs, tout comme les infrastructures stratégiques et les précieuses fréquences hertziennes. Une société commune serait créée pour gérer la phase de transition et organiser la migration progressive des clients SFR vers leurs nouveaux opérateurs respectifs. Cette approche permettrait d’assurer la continuité de service pour les 19 millions d’abonnés de l’opérateur au carré rouge.
Patrick Drahi et l’empire Altice : le poids d’une dette colossale
Pour comprendre les raisons de cette vente potentielle, il faut se pencher sur la situation financière particulièrement tendue d’Altice France. Le groupe, propriété du milliardaire franco-israélien Patrick Drahi, ploie depuis des années sous le poids d’une dette colossale qui a atteint 24 milliards d’euros.
Patrick Drahi, qui avait racheté SFR en 2014 pour 13,5 milliards d’euros à Vivendi dans une opération entièrement financée par la dette, a bâti son empire sur l’effet de levier financier. Cette stratégie audacieuse, qui lui a permis de devenir l’un des plus grands opérateurs télécoms mondiaux, a finalement montré ses limites face à un marché français des télécommunications devenu ultra-concurrentiel et mature. Marché en 2025 et totalement consolidés. Cette dernière grande opération enfoncera la dynamique concurrentielle dans les télécoms.
En février 2025, après dix mois de négociations âpres avec ses créanciers, Altice France est parvenue à restructurer sa dette en obtenant une réduction de 8,6 milliards d’euros, en contrepartie d’une montée au capital des prêteurs. Cette restructuration a permis de restaurer temporairement la santé financière de SFR, mais n’a pas suffi à éviter la mise en vente de l’opérateur.
Les enjeux réglementaires : un parcours semé d’embûches
Si cette offre conjointe représente une avancée majeure, le chemin vers sa concrétisation demeure long et incertain. Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, estime que l’opération ne pourrait aboutir, dans le meilleur des cas, qu’au second semestre 2027, soit près de deux années complètes de procédures.
Le principal obstacle réside dans l’examen réglementaire que devront mener les autorités de la concurrence et l’ARCEP, le gendarme des télécommunications françaises. Le passage d’un marché à quatre opérateurs vers une configuration à trois acteurs majeurs soulève inévitablement des questions sur le maintien d’une concurrence effective et loyale.
Les autorités devront notamment évaluer l’impact de cette consolidation sur les prix pour les consommateurs, la qualité des services, et l’innovation dans le secteur. L’expérience des années 2012-2025, marquée par une guerre des prix féroce déclenchée par l’arrivée de Free, a montré qu’un quatrième acteur pouvait jouer un rôle de régulateur naturel du marché.
Un marché arrivé à maturité : vers une nouvelle ère des télécoms
Cette opération de rachat s’inscrit dans un contexte de maturité du marché français des télécommunications. Après une décennie de guerre des prix intense, les opérateurs cherchent aujourd’hui à stabiliser leurs revenus et à rentabiliser massivement leurs investissements dans les réseaux de nouvelle génération.
L’offre conjointe des trois opérateurs met en avant plusieurs objectifs stratégiques : renforcer les investissements dans la résilience des réseaux très haut débit, améliorer la cybersécurité des infrastructures, et développer les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et la 5G avancée. Ces ambitions nécessitent des capacités financières importantes que seule une consolidation du marché pourrait permettre.
Pour les consommateurs, les conséquences de cette reconfiguration demeurent incertaines. Si des opérateurs financièrement plus solides pourraient investir davantage dans la qualité des réseaux et les innovations technologiques, le risque d’une hausse des tarifs en l’absence d’un quatrième acteur disruptif ne peut être écarté.
Les exclusions notables et les actifs hors périmètre
L’offre déposée par le trio Orange-Bouygues-Free ne concerne pas l’intégralité d’Altice France. Plusieurs actifs restent explicitement exclus du périmètre d’acquisition, notamment les participations dans Intelcia, spécialisée dans les centres d’appels au Maroc, UltraEdge, l’activité datacenter déjà revendue à Morgan Stanley, XP Fibre qui gère le déploiement de la fibre optique, et Altice Technical Services. Les activités du groupe dans les départements et territoires d’outre-mer ne sont également pas concernées par cette offre.
Les prochaines étapes : un processus marathon
Cette proposition non engageante n’est que la première étape d’un marathon administratif et financier. Patrick Drahi et ses créanciers devront d’abord accepter d’entrer en négociations exclusives avec le consortium. Les observateurs anticipent déjà que le milliardaire tentera de négocier à la hausse, l’offre de 21 milliards d’euros étant inférieure à la valorisation de 28 milliards sur laquelle les créanciers sont entrés au capital lors de la restructuration.
Si un accord de principe est trouvé, les trois opérateurs devront mener des audits approfondis, les fameuses due diligences, pour examiner en détail les comptes et les actifs de SFR. Ensuite viendra la phase cruciale de l’examen réglementaire, qui pourrait durer environ 18 mois selon les estimations de Bouygues Telecom.
La fin de SFR se fera-t-elle au bénéfice des utilisateurs et clients
Si cette opération aboutit, elle signera la disparition de SFR tel qu’il existe depuis plus de trente ans. Né dans les années 1990, successivement passé entre les mains de Vivendi, Numericable puis Altice, l’opérateur au carré rouge deviendrait un symbole de la maturité d’un marché où les consolidations stratégiques remplacent désormais les guerres de prix. Pour Orange, Bouygues Telecom et Free, c’est l’opportunité de renforcer leurs positions sur des infrastructures devenues stratégiques à l’heure où la souveraineté numérique française s’impose comme un enjeu national majeur.
Éditeur : Bisatel télécom
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