SFR rejette l’offre de rachat à 17 milliards d’Orange, Free et Bouygues Telecom
SFR toujours à vendre, découper en bloc convoitant l’appétit des investisseurs et autres fonds de pension
Le marché français des télécommunications vient de connaître un rebondissement spectaculaire. Altice France, la maison mère de SFR, a annoncé ce mercredi 15 octobre 2025 le rejet immédiat de l’offre conjointe déposée par Orange, Bouygues Telecom et Free. Cette décision marque un tournant dans une opération qui aurait pu transformer radicalement le paysage des télécoms en France.
Une offre inédite à trois opérateurs et pourtant SFR rejette l’offre de rachat à 17 milliards d’Orange, Free et Bouygues Telecom
L’offre non engageante, révélée mardi 14 octobre, prévoyait l’acquisition de la majeure partie des actifs de SFR pour un montant de 17 milliards d’euros. La répartition envisagée attribuait 43% des actifs à Bouygues Telecom, 30% à Free (groupe Iliad) et 27% à Orange. Cette configuration stratégique visait à faciliter l’approbation des autorités de la concurrence en évitant toute position dominante.
Dans le détail, Bouygues Telecom et Iliad se seraient partagé les activités B2B destinées aux entreprises, tandis que les services grand public, les infrastructures et les fréquences auraient été répartis entre les trois opérateurs. Le réseau mobile de SFR en zones rurales aurait été confié exclusivement à Bouygues Telecom.
Un refus catégorique et justifié
Arthur Dreyfuss, PDG d’Altice France, a confirmé aux salariés avoir reçu l’offre indicative mardi soir, précisant qu’elle avait été immédiatement rejetée. Ce refus s’explique notamment par l’écart de valorisation : les créanciers d’Altice sont récemment entrés au capital sur la base d’une évaluation de 28 milliards d’euros, bien supérieure aux 17 milliards proposés.
Les trois opérateurs justifiaient leur démarche par la nécessité de renforcer les investissements dans la résilience des réseaux très haut débit, la cybersécurité et les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle. Cette consolidation aurait ramené le marché français à trois acteurs majeurs, une configuration inédite depuis l’arrivée disruptive de Free Mobile en 2012.
Inquiétudes sociales et enjeux économiques
L’opération suscite de vives préoccupations chez les syndicats. Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT chez SFR, évoque des destructions massives d’emplois, estimant que 6000 à 8000 postes seraient menacés, incluant les boutiques et les filiales d’Altice qui dépendent à plus de 95% de SFR.
Le gouvernement français, par la voix du ministre de l’Économie Roland Lescure, s’est montré extrêmement vigilant sur les conséquences potentielles pour les consommateurs et la qualité de service. SFR compte actuellement 19 millions de clients particuliers, représentant un acteur majeur du secteur.
Perspectives et contexte stratégique
Cette tentative de rachat s’inscrit dans une tendance de fond de consolidation du marché européen des télécommunications. Selon Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, cette offre constitue la première étape d’un long processus nécessitant l’examen des autorités de concurrence, processus susceptible de durer environ 18 mois.
Les trois opérateurs préparaient cette opération depuis quatre mois, se réunissant chaque semaine pour élaborer la stratégie et la répartition des actifs. Malgré ce rejet initial, rien n’exclut une nouvelle proposition avec une valorisation revue à la hausse.
L’avenir de SFR demeure incertain, entre restructuration de la dette d’Altice et potentielles nouvelles offres de rachat. Le marché français des télécommunications continue sa mutation dans un environnement économique exigeant des investissements massifs en infrastructures.
