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Assistant agentique IA et opportunités e-commerce
L’intelligence artificielle conversationnelle transforme profondément les habitudes de consommation des Français. Avec plus de 20 millions d’utilisateurs d’assistants vocaux dans l’Hexagone et un marché mondial du commerce conversationnel évalué à 8,32 milliards de dollars en 2024, les enseignes françaises se positionnent sur ce canal émergent. Entre innovations technologiques, enjeux de protection des données et nouvelles stratégies commerciales, analyse d’un secteur en pleine mutation.

Un marché en croissance exponentielle
IA et commerce vocal français Alexa, Google Le commerce vocal, également désigné sous l’appellation voice commerce, connaît une expansion remarquable à l’échelle mondiale. Selon les données compilées par les instituts d’études spécialisés, le nombre d’assistants vocaux en circulation a dépassé les 8,4 milliards d’appareils en 2024, témoignant d’un engouement croissant pour ces technologies d’interaction. Le marché global du commerce conversationnel, évalué à 8,32 milliards de dollars en 2024, devrait atteindre 24,54 milliards de dollars à l’horizon 2032, soit un taux de croissance annuel composé de 14,39 %.
En France, les chiffres révèlent une adoption progressive mais significative de ces technologies. Selon les données de Médiamétrie publiées en septembre 2025, environ 24,5 millions de Français, soit quatre personnes sur dix, ont utilisé un agent conversationnel de type ChatGPT ou Google Gemini. Par ailleurs, 70 % des internautes français recourent désormais à la recherche vocale, tandis que 32 % des consommateurs utilisent des assistants vocaux pour leurs recherches de produits. Plus révélateur encore, 18 % des Français ont déjà effectué au moins un achat par commande vocale.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte plus large de transformation numérique où l’intelligence artificielle générative redéfinit les interactions entre entreprises et consommateurs. Le lancement de ChatGPT en novembre 2022 a ouvert un nouveau champ d’application pour l’IA conversationnelle, incitant les géants technologiques à repenser leurs assistants vocaux traditionnels pour intégrer ces capacités avancées de traitement du langage naturel.
Alexa, Google Assistant, Siri : une concurrence technologique intense
Le marché des assistants vocaux se structure autour de trois acteurs dominants : Amazon avec Alexa, Google avec son Assistant, et Apple avec Siri. Chacun de ces protagonistes dispose d’atouts spécifiques qui déterminent leur positionnement sur le marché français du commerce vocal.
Amazon Alexa se distingue par sa compatibilité étendue avec plus de 60 000 appareils connectés, ce qui en fait un choix privilégié pour la domotique et l’écosystème de la maison intelligente. En février 2025, Amazon a dévoilé Alexa+, une version modernisée de son assistant vocal s’appuyant sur l’intelligence artificielle générative développée en partenariat avec Anthropic, créateur du modèle Claude AI. Cette évolution majeure, la plus importante depuis le lancement d’Alexa en 2014, vise à proposer des conversations plus naturelles et des capacités de raisonnement avancées.
Google Assistant excelle quant à lui dans la recherche d’informations et le traitement du langage naturel, s’appuyant directement sur la puissance du moteur de recherche Google pour fournir des réponses précises et contextualisées. L’intégration avec l’écosystème Google, incluant YouTube, Google Maps et les services de productivité, en fait un allié polyvalent pour les entrepreneurs et les professionnels. Google Gemini, le nouveau modèle d’IA générative de l’entreprise, pourrait prochainement remplacer l’Assistant classique sur les appareils Nest.
Siri d’Apple, bien que plus limité en termes de compatibilité domotique avec son écosystème HomeKit, bénéficie d’une intégration native dans l’environnement Apple. Le partenariat noué avec OpenAI pour développer Apple Intelligence vise à renforcer les capacités conversationnelles de l’assistant, traditionnellement considéré comme moins performant que ses concurrents sur les requêtes complexes.
Les enseignes françaises à l’épreuve du commerce vocal
Les distributeurs français investissent progressivement le canal vocal pour enrichir l’expérience client et simplifier le parcours d’achat. Carrefour, Monoprix, Intermarché, E.Leclerc et Boulanger figurent parmi les enseignes ayant développé des applications vocales, ou skills, sur les plateformes Alexa et Google Assistant.
Monoprix propose notamment des listes de courses intelligentes permettant aux clients d’ajouter des produits par simple commande vocale. La SNCF, via OUI.sncf, permet à ses utilisateurs de consulter les horaires et les prix, voire de réserver des billets TGVmax directement par la voix. Sephora a quant à elle développé des réponses adaptées aux requêtes vocales naturelles, comprenant que les consommateurs formulent des phrases complètes plutôt que des mots-clés isolés.
Ces initiatives se heurtent néanmoins à des défis opérationnels significatifs. Les retours d’expérience font état de commandes incomplètes, de délais de livraison et de difficultés de compréhension contextuelle. Une partie des consommateurs français préfère encore interagir avec un conseiller humain pour obtenir un accompagnement personnalisé, ce qui explique que le commerce vocal demeure complémentaire aux canaux traditionnels plutôt que substitutif.
Protection des données : le cadre réglementaire français
L’utilisation des assistants vocaux soulève des questions fondamentales en matière de protection de la vie privée. La Commission nationale de l’informatique et des libertés a publié un livre blanc intitulé « À votre écoute », explorant les enjeux éthiques, techniques et juridiques de cette technologie. La CNIL rappelle que la voix constitue une donnée personnelle dont l’utilisation est strictement encadrée par le Règlement général sur la protection des données.
Les recommandations de l’autorité de contrôle s’adressent tant aux concepteurs qu’aux utilisateurs. Les fabricants sont invités à privilégier les architectures de traitement local, c’est-à-dire effectuées directement sur l’appareil plutôt que sur des serveurs distants, afin de conférer aux utilisateurs une meilleure maîtrise de leurs données. La transparence sur le fonctionnement des assistants et sur les traitements de données constitue une exigence centrale du cadre réglementaire.
Les préoccupations relatives à la confidentialité des données constituent d’ailleurs l’un des principaux freins à l’adoption massive du commerce vocal en France. Selon le Baromètre du Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL, les utilisateurs ont davantage conscience de révéler leurs données personnelles en utilisant leur voix qu’en saisissant ces informations dans un formulaire. Ce sentiment d’intrusion, particulièrement marqué pour les enceintes connectées placées au cœur du foyer, impose aux constructeurs et aux commerçants de rassurer les consommateurs sur leurs pratiques.
L’IA générative : une rupture technologique majeure
L’intégration de l’intelligence artificielle générative dans les assistants vocaux marque une évolution décisive pour le commerce conversationnel. Contrairement aux systèmes précédents, limités à des commandes prédéfinies et des réponses scriptées, les nouveaux modèles de langage permettent des interactions naturelles, contextualisées et capables de raisonnement complexe.
ChatGPT Shopping, lancé début 2025, illustre cette convergence entre IA générative et commerce. L’utilisateur décrit son besoin en langage naturel et reçoit instantanément une sélection filtrée de produits accompagnée d’avis, de prix et de liens directs vers l’achat. L’IA peut proposer des accessoires complémentaires ou vérifier la disponibilité des stocks dans les points de vente environnants. Perplexity AI et Google avec son mode Shop with AI sur Gemini proposent des fonctionnalités similaires.
Cette évolution impose aux entreprises de repenser leur stratégie de référencement. L’optimisation pour les moteurs de recherche traditionnels ne suffit plus : les marques doivent désormais structurer leurs données produits de manière à être comprises et recommandées par les intelligences artificielles. Un message clair, factuel, accompagné de contenus multimodaux comprenant photos, vidéos, textes et audio, devient indispensable pour figurer parmi les résultats proposés par les assistants vocaux.
Opportunités pour le marché français du e-commerce
Les projections des analystes dessinent un avenir prometteur pour le commerce vocal en France. Le cabinet Roland Berger estime que le taux de pénétration des enceintes connectées pourrait atteindre 36,3 % à l’horizon 2025, un niveau comparable à celui des tablettes. Les secteurs les plus dynamiques incluent l’alimentaire, l’électronique grand public et les produits de première nécessité, tandis que les millennials et la génération Z représentent 65 % des utilisateurs actifs.
Au-delà du commerce de détail, le commerce vocal s’étend à de nouveaux secteurs d’activité. Dans la restauration, des enseignes américaines comme Wendy’s expérimentent des assistants vocaux sur leurs drive-in. Starbucks teste des usages variés de l’IA, de la commande vocale à la vision assistée, avec l’objectif de permettre aux clients de déclencher la préparation de leur commande en annonçant simplement leur arrivée imminente.
Pour les entreprises françaises, ces évolutions représentent à la fois un défi et une opportunité. Les organisations qui sauront anticiper cette transformation et investir dans les technologies appropriées bénéficieront d’un avantage concurrentiel significatif. L’approche progressive, combinant expérimentation, optimisation continue et respect des exigences réglementaires en matière de protection des données, constitue la voie privilégiée pour réussir cette transition vers le commerce vocal.
Sources et références
Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) – Livre blanc « À votre écoute : exploration des enjeux éthiques, techniques et juridiques des assistants vocaux » – cnil.fr
Médiamétrie – Baromètre du commerce conversationnel en France, septembre 2025
Kings Research – Rapport sur le marché mondial du commerce conversationnel 2024-2032
IBM Institute for Business Value – Étude sur l’utilisation de l’IA dans le commerce électronique
Roland Berger – Analyse du marché des assistants vocaux et enceintes connectées
CSA/Hadopi – Étude « Assistants vocaux et enceintes connectées »
Gartner – Prévisions sur l’IA générative pour les entreprises
Règlement général sur la protection des données (RGPD) – Cadre juridique européen applicable aux traitements de données personnelles











