Le pétrole du numérique en marche
En partenariat avec Bisatel Telecom
L’Afrique connaît la croissance numérique la plus rapide au monde. Portée par des investissements massifs dans les infrastructures, l’essor du mobile money et l’émergence d’un écosystème tech dynamique, la connectivité illimitée devient progressivement une réalité pour des centaines de millions d’Africains. Décryptage d’une transformation historique.

Afrique, une croissance sans précédent
L’Afrique s’impose comme le moteur de la croissance numérique mondiale. En 2024, le continent a concentré 75 % de l’expansion mondiale de la couverture internet mobile, avec 40 millions de nouveaux utilisateurs connectés. Cette dynamique spectaculaire s’inscrit dans une trajectoire de long terme : le taux de pénétration d’internet est passé de 3,2 % en 2005 à 40 % en 2024, soit une multiplication par plus de douze en moins de deux décennies.
Les projections sont tout aussi prometteuses. Selon Ericsson, le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile en Afrique subsaharienne devrait atteindre 1,1 milliard d’ici 2028. L’Union internationale des télécommunications (UIT) souligne que le continent affiche la plus forte progression en termes de connectivité, avec une croissance de 8 % entre 2023 et 2024, contre seulement 3 % pour le reste du monde. Plus de 600 millions de personnes utilisent désormais l’internet mobile à haut débit sur le continent.
Cette accélération se traduit par l’émergence de véritables champions numériques. Le Nigeria compte 107 millions d’internautes en 2025, suivi de l’Égypte avec 96,3 millions et de l’Afrique du Sud avec 50,8 millions. Des pays comme le Maroc affichent des taux de pénétration dépassant 90 %, rivalisant avec les standards européens. Le Kenya, le Ghana et la Côte d’Ivoire s’imposent également comme des hubs technologiques en plein essor.
Des infrastructures Internet de classe mondiale
L’Afrique bénéficie aujourd’hui d’investissements massifs dans ses infrastructures numériques. Le projet 2Africa, mené par un consortium incluant Meta, Orange, Vodafone et MTN, constitue la réalisation la plus emblématique de cette transformation. Ce câble sous-marin de 45 000 kilomètres, le plus long au monde, encercle le continent et connecte 33 pays à l’Europe, au Moyen-Orient et à l’Asie.
Entré pleinement en service en 2025, 2Africa offre une capacité de 180 térabits par seconde, supérieure à la capacité combinée de tous les câbles sous-marins qui desservaient précédemment le continent. Cette infrastructure transformatrice permet de connecter potentiellement trois milliards de personnes à travers l’Afrique, l’Europe et l’Asie. Meta estime que ce câble pourrait contribuer jusqu’à 36,9 milliards de dollars au PIB africain au cours des premières années de fonctionnement.
Google a également investi massivement avec le câble Equiano, reliant l’Europe à l’Afrique du Sud via la côte atlantique. L’entreprise a annoncé un investissement d’un milliard de dollars sur cinq ans pour soutenir la transformation numérique du continent. Au total, 77 systèmes de câbles connectant l’Afrique sont actuellement actifs ou en construction, selon TeleGeography. Cette multiplication des voies d’accès renforce la résilience et la qualité des connexions.
Le mobile money : une révolution africaine
L’Afrique a inventé un modèle d’inclusion financière qui inspire le monde entier. Le mobile money, né au Kenya avec M-Pesa en 2007, a transformé la manière dont des centaines de millions d’Africains gèrent leur argent. En 2024, le continent comptait plus de 1,1 milliard de comptes enregistrés et a traité 1 100 milliards de dollars de transactions, soit 70 % du volume mondial de monnaie mobile.
Les chiffres témoignent de l’ampleur du phénomène. M-Pesa distribue quotidiennement plus de 55 millions de dollars de crédit tout en maintenant un taux de prêts non performants inférieur à 2 %. Orange Money compte 40 millions d’utilisateurs actifs et a traité 164 milliards d’euros de transactions en 2024. MTN MoMo, Airtel Money et les fintechs comme Wave ou OPay complètent cet écosystème dynamique qui compte 178 services opérationnels et 280 millions de comptes actifs mensuels.
Cette innovation africaine attire désormais les géants mondiaux de la finance. Mastercard et Visa ont multiplié les partenariats stratégiques avec les opérateurs de mobile money. L’intégration croissante des services financiers, du commerce électronique et des télécommunications crée des « super apps » qui transforment le téléphone mobile en véritable guichet bancaire universel. Pour les entrepreneurs souhaitant lancer leur propre opérateur, ce contexte offre des opportunités considérables.
Un potentiel économique colossal du continent africain
La transformation numérique de l’Afrique recèle un potentiel économique considérable. Selon la GSMA, une augmentation significative de l’usage de l’internet mobile pourrait générer jusqu’à 795 milliards de dollars pour l’économie africaine d’ici 2030. La Société financière internationale (IFC) et Google estiment que l’économie internet du continent atteindra 5,2 % du PIB africain en 2025, soit 180 milliards de dollars, et pourrait atteindre 712 milliards de dollars d’ici 2050.
L’impact sur l’emploi sera tout aussi significatif. D’ici 2030, l’Afrique subsaharienne devrait générer 230 millions d’emplois liés au numérique, portés par l’expansion rapide des services digitaux. McKinsey prévoit la création de 3,2 millions d’emplois directs et un gain de productivité de 1 à 2 points de PIB d’ici 2028. Le secteur des fintechs africaines emploie déjà directement plus de 50 000 personnes et a levé plus de 3 milliards de dollars en 2023.
Le marché du e-commerce africain, estimé à plus de 50 milliards de dollars en 2024, devrait croître d’au moins 10 % par an. Le marché de l’intelligence artificielle sur le continent, évalué à 2 milliards de dollars en 2025, connaît lui aussi une expansion rapide. Les secteurs de la santé numérique, de l’éducation en ligne, de l’agriculture connectée et des services publics dématérialisés offrent des perspectives de développement considérables.
L’innovation made in Africa
L’Afrique ne se contente pas d’adopter les technologies : elle les invente. Des hubs technologiques comme « Yabacon Valley » au Nigeria ou « Silicon Savannah » au Kenya sont devenus des pôles d’innovation majeurs, attirant talents et investissements du monde entier. En 2021, plus de 300 startups africaines avaient déjà levé plus de 1,1 milliard de dollars, un chiffre en constante augmentation.
Les success stories se multiplient. Flutterwave, plateforme nigériane de paiement transfrontalier, est valorisée à plus de 3 milliards de dollars. Chippe Cash a atteint 10 millions d’utilisateurs en 2024. Tala a distribué plus de 2 milliards de dollars de microcrédits à 10 millions de clients. Kuda Bank, première néobanque africaine à obtenir une licence bancaire complète, compte plus de 5 millions d’utilisateurs. Ces entreprises développent des solutions adaptées aux réalités africaines, souvent en avance sur les modèles occidentaux.
L’innovation technologique facilite également l’accès à la connectivité. Les solutions eSIM internationales permettent de s’affranchir des contraintes logistiques traditionnelles. L’arrivée de Starlink et d’autres fournisseurs d’internet par satellite ouvre de nouvelles perspectives pour les zones rurales. La prolifération des smartphones abordables, dont les prix ont considérablement baissé, démocratise l’accès aux services numériques.
Vers un marché numérique unique africain
L’Union africaine a adopté une vision ambitieuse avec sa Stratégie de transformation numérique (2020-2030). L’objectif : créer un marché numérique unique sécurisé garantissant la libre circulation des personnes, des services et des capitaux numériques. Cette intégration régionale, combinée à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pourrait créer la plus grande zone de libre-échange numérique au monde.
Les initiatives se multiplient pour concrétiser cette vision. L’interopérabilité des systèmes de paiement progresse, facilitant les transactions transfrontalières. Des programmes de formation numérique visent à préparer la jeunesse africaine aux métiers de demain. Les gouvernements investissent dans la dématérialisation des services publics, améliorant l’efficacité administrative et réduisant les coûts. Le Bénin, le Rwanda, le Kenya ou le Maroc font figure de pionniers dans cette transformation.
l’Afrique, laboratoire du futur numérique
L’internet illimité en Afrique n’est plus une utopie mais une trajectoire en cours de réalisation. Les investissements massifs dans les infrastructures, la créativité des entrepreneurs locaux et l’appétit des populations pour les services numériques créent les conditions d’une transformation historique. D’ici 2030, le continent pourrait devenir l’un des marchés numériques les plus dynamiques au monde.
Pour les entreprises et les investisseurs, l’Afrique représente une opportunité unique. Le continent qui a inventé le mobile money, qui affiche la croissance numérique la plus rapide et qui compte la population la plus jeune au monde est en passe de redéfinir les standards de l’économie digitale. Les solutions de téléphonie mobile innovantes qui émergent sur le marché participent de cette dynamique. L’Afrique n’est plus en retard : elle est en avance sur le monde de demain.
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Sources et références
• GSMA, « The State of Mobile Internet Connectivity 2025 » et « L’économie du mobile en Afrique subsaharienne 2024 ».
• Union internationale des télécommunications (UIT), « State of digital development and trends in the Africa region », avril 2025.
• Société financière internationale (IFC) et Google, « E-Conomy Africa 2020 ».
• McKinsey & Company, « Opportunités du numérique dans les entreprises africaines », 2024.
• Banque mondiale, Initiative pour l’Économie numérique en Afrique (DE4A).
• Union africaine, « Stratégie de transformation numérique de l’Afrique (2020-2030) ».
• Ericsson, « Mobility Report 2023 », projections sur la croissance mobile en Afrique.
• GSMA, « State of the Industry Report on Mobile Money 2024 ».
• TeleGeography, « Africa Telecommunications Map 2025 ».
• Meta / Consortium 2Africa, communications officielles sur le projet de câble sous-marin.









